Maintenant que tout le monde a eu son Dimanche ensoleillé, cette semaine on attaque avec THE soundtrack qu’il est bon d’écouter pendant une ballade dominicale. Les pré-réquis pour l’apprécier comme il se doit imposent une Ferrari Testarossa et une blonde sur le siège passager, mais une Clio et un pote se remettant de la cuite de la veille feront tout aussi bien l’affaire.
C’est un gros poisson auquel on s’attaque cette semaine, prise aussi grosse que la soundtrack est courte, puisqu’il s’agit seulement de quatre tracks qui ont su traversé les décennies dans l’esprit des joueurs qui s’y sont frottés.
Notre playlist est divisée en deux parties: La version originale de l’OST sortie en 1986, puis sa version remasterisée apparue en 2004 sur OutRun 2
OutRun ! Troisième jeu de Yu Suzuki en Arcade, le jeu embarquait à l’époque le joueur dans une vraie fausse Testarossa (SEGA n’ayant pas pris la peine d’acquérir les droits, ce qui leur coutera un joli procès, les cons). Il y a mille et une choses qui ont permis à OutRun de rentrer dans la légende: ses graphismes magnifiques, sa conduite aux petits oignons, le dépaysement qu’il procure, sa rejouabilité, le fait que SEGA a payé un road trip à Yu Suzuki dans toute l’Europe pour qu’il puisse dépeindre de magnifiques paysages tout en pixels… bref il y a eu un avant et un après OutRun pour les joueurs de l’époque. Pour la petite anecdote, Kavinsky a sorti un album nommé OutRun en 2013, le personnage qu’il a inventé est un zombie mort dans un accident de voiture à bord de sa Testarossa en 1986, difficile de passer à côté du clin d’oeil.
Un autre mec un peu moins connu du grand public, mon père, a passé toute mon enfance à me parler d’OutRun en le désignant comme le jeu préféré de sa jeunesse, et c’est sans arrêt qu’il évoquait « cette petite musique à la fin quand tu tapais ton nom » ou « le morceau [qu’il sélectionnait] toujours sur la radio au départ ». Car oui, on en vient, la musique y occupe une place importante, si ce n’est centrale. Une place que l’on n’accordait qui plus est pas aux jeux vidéo à cette période. OutRun est sorti après Space Harrier et Hang On, il est sorti avant After Burner, tous ces titres proposent des bande-sons que l’on reconnait au premier coup d’oreille; Hiroshi Yamauchi est d’ailleurs derrière la soundtrack des quatre jeux, mais dans ce domaine, OutRun est le roi incontesté.
A peine la première pièce déposée dans la fente que la main de notre avatar est posée sur la molette de son autoradio. Splash Wave, Magical Sound Shower et Passing Breeze sont les trois titres sélectionnables dès le début du road trip. Chaque morceau possède son ambiance, ils sont comme une triade de divinités différentes mais complémentaires. (Si je pars trop loin dans mon délire vous m’arrêtez).
Splash Wave est un morceau aux premiers abords nerveux. Il commence à grandes pompes, la Testarossa fait un burn sur la route avant de partir à toute allure, nous donnant envie de dévorer le bitume à grands coups de freins à main. Puis vient ces notes de synthés beaucoup plus espacés sans pour autant perdre en dynamisme grâce à une batterie qui continue derrière à se battre comme une diablesse.
Magical Sound Shower est beaucoup plus langoureuse, plus latine, elle incarne plus cette séduction existant entre les deux protagonistes à l’intérieur du véhicule. Ici le dynamisme de la course est mis de côté, au profit de quelque chose de plus détendu, de plus suave. Du coup se taper un rocher à 200 km/h prend tout de suite une ampleur beaucoup moins dramatique.
Passing Breeze enfin incarne de son côté le dépaysement général, ces grands espaces que l’on visite à vive allure, ce monde parallèle où l’on peut faire tomber la nuit en prenant une bretelle d’autoroute. Des trois morceaux Passing Breeze est pour sûr le plus sage. Sans pour autant faire baisser le tempo, sa « deuxième partie » est aux antipodes des premières notes de Splash Wave, on en oublierait presque la nécessité de rouler à vive allure en slalomant entre les camions pour avoir le droit de continuer notre épopée.
Pour finir, une fois l’une des cinq lignes d’arrivée franchie, ou le punitif « GAME OVER » affiché au centre de l’écran, Last Wave entre en scène au moment d’entrer son nom. Peut-être parce qu’il n’a pas d’alternative, il est le morceau le plus fort d’OutRun. Il insuffle une puissante mélancolie à travers une mélodie de quelques notes à peine. Le morceau ne dure qu’une minute et quarante secondes et aucune mesure n’est répétée, c’est peut-être aussi ce qui rend le morceau si particulier, on aimerait qu’il dure pour toujours, et c’est aussi un peu pour lui que l’on relancera une partie.
Quelques années plus tard, SEGA sortira Turbo OutRun. Toujours aux commandes, HIRO partira dans une direction artistique différente, beaucoup plus nerveuse. Enlever un des arguments phare d’OutRun n’était pas une bonne idée, sans pour autant être mauvaise cette soundtrack tombera un peu aux oubliettes jusqu’à réapparaitre dans la version « 2006 » d’OutRun 2. Ce dernier titre de son côté, offre d’autres morceaux inédits, mais laisse au premier plan les quatres morceaux originaux remis au goût du jour, à croire que la leçon a été retenue.
Pour ceux qui veulent découvrir OutRun aujourd’hui je ne saurais leur conseiller autre chose que la version 3DS du titre qui est un remake de grande qualité rempli de petits bonus. Le tout pour seulement 5€.