Alors que je suis en train de rentrer un par un tous mes putains de codes Club Nintendo dans l’espoir de faire l’acquisition de quelques babioles qui prendront la poussière, je songe à l’avenir de cette entreprise qui ne cesse de ressasser le passé, coinçant ainsi ses adeptes dans une nostalgie incessante qui a de plus en plus de mal à se justifier. Le jeu vidéo est devenu un monde de requins, et tandis que d’autres confrères japonais quittent le navire, les papys de Kyoto ont décidé de faire de leur plus grande faiblesse, une force: Capitaliser au maximum sur leurs licences phares à travers d’autres moyens que le jeu vidéo afin de saigner le compte en banque de l’adulescent nostalgique jusqu’à la dernière goutte.
Avant que les fanboys arment leurs lance-pierres tel un villageois zehef, il n’est nul question ici de faire un procès à l’encontre de Nintendo qui est loin d’être un mauvais développeur/éditeur de jeux vidéo. L’industrie japonaise va mal et se trouve dans une énorme impasse qui n’aura sûrement pas une fin des plus joyeuses pour les joueurs qui ont vomi en jouant à Resident Evil 6. La société vient qui plus est de perdre monsieur Iwata qui non content d’être président était une véritable icône. La Wii U est malheureusement en train de subir un enterrement prématuré et s’apprête à connaître un destin encore plus noir que celui du GameCube qui avait au moins le mérite d’avoir pour lui un succès critique (appréciez le genrage masculin, signature du puriste).
Les raisons de cet échec sont diverses, on en avait d’ailleurs parlé dans l’article sur Splatoon qui est justement un des seuls vrais succès inédit développé par Nintendo sur cette console. La firme est coincée dans une boucle infinie, d’une part on ne peut que constater le manque d’inspiration de leurs dernières productions (Mario Kart 8 a beau être magnifique, la formule n’a pas bougé d’un chouilla en 20 ans), de l’autre capitaliser inlassablement sur les mêmes choses permet de satisfaire le joueur qui ne cherche qu’à revivre les expériences qu’il a connu par le passé et ainsi engranger du pognon. Vulgairement ça donne Super Mario Maker, « gros » jeu Nintendo de la fin de l’année qui célèbre les 30 ans du plombier; un éditeur de niveaux pour Mario 2D, un éditeur pour vous rappeler que vous avez vécu de bons moments, il y a 20 ans. Alors oui on considère Sonic comme un cadavre qu’il faut laisser tranquille, reste que Sonic Generations avait quand même plus de gueule. Quant à Zelda Wii U, le jeu censé révolutionner la série et redonner un coup de pied au cul aux ventes de la console, il ne cesse d’être repoussé au point qu’on en vienne à penser qu’il subira le même sort que Twilight Princess, une sortie sur deux consoles, en l’occurrence la Wii U et la fameuse NX.

La prochaine et énigmatique console de Nintendo a d’ailleurs eu le droit a des premières annonces de jeux (Dragon Quest XI) et on a appris récemment que la console ne possèderait PEUT-ÊTRE pas de lecteur disque grâce à un brevet déposé. Connaissant l’amour des joueurs pour le support physique, et plus particulièrement chez les joueurs Nintendo, ce serait une décision particulière pour ne pas dire complètement conne, mais peut-être serons nous agréablement surpris par ce choix, la NX semblant être tout sauf conventionnelle. Il est clair que ressortir une console « lambda » plus puissante ne servirait à rien et enterrerait la firme, qu’apporterait un Mario Kart 9 et un Smash 5 en l’état ? Rien, les derniers épisodes avaient surtout la HD comme plus-value face aux versions Wii. Enfin, et d’après les déclarations d’Iwata sur la console peu de temps avant son décès, on pourrait imaginer que la NX serait une « hybride » entre console de salon et console portable, remplaçant ou complétant donc la 3DS qui se porte elle toujours aussi bien. Avec en plus l’annonce du partenariat avec DeNa pour le lancement de jeux Nintendo sur mobile, on sent le vent du changement souffler à Kyoto, les nombreux nostalgiques réac’ que composent la fanbase risquent d’être fortement brusqués. Quand bien même, et en attendant d’avoir les réponses à nos questions, Nintendo a d’autres atouts dans sa manche, atouts qui ne sont pas sans rappeler une stratégie adoptée par le gang de Mickey; stratégie intelligente, car affronter les mastodontes Sony et Microsoft de front est dorénavant inutile. Voyons celà de plus près:
Premier point, au milieu du maelström de caca financier causé par la Wii U, Nintendo a eu LA bonne idée en copiant le concept utilisé par Activision et surtout Disney.
On en a parlé dans le premier article du blog donc on ne re-détaillera pas le principe ici, on ajoutera juste qu’avec le recul supplémentaire que l’on a aujourd’hui, le masque est tombé: ces figurines ne servent à rien, à part à être collectionnées. Je ne prends d’ailleurs personnellement plus la peine de m’en servir pour des fonctions très optionnelles, je débourse mes quinze euros, je déballe le jouet, je le pose sur une étagère, puis j’ai un très léger pic d’endorphine, je pars ensuite faire autre chose. Le amiibo c’est un peu comme la clope, le sexe ou le big mac, si t’es trop faible ça te fait partir en couilles.
Et vous le savez mes amis, le meilleur moyen de se faire du fric, c’est justement de se servir des faiblesses des gens, démonstration:
Je pense qu’il est inutile d’en dire plus, faut avouer que là on est face à de l’enculade deluxe avec supplément moutarde. Nintendo a compris qu’il y avait beaucoup de maille à se faire avec les produits dérivés, c’est d’ailleurs pour ça qu’il a été annoncé tout récemment que la firme allait lancer un service à la Loot Crate, ce service que l’on connait mieux en France par le biais de la WootBox ou de la JournalDuGeekBox. Pour ceux qui ne voient toujours pas de quoi je parle, ce sont des abonnements qui vous donnent accès chaque mois à une « boite » remplie d’objets dérivés aléatoires estampillés « geeks » (Star Wars, Assassin’s Creed, des trucs de super héros… bref tous les clichés possibles et imaginables), du coup au lieu d’acheter un truc qui te plait et que tu choisis tu peux te retrouver avec 5 trucs de merde qui ne t’intéressent pas pour le même prix, chouette. Le principe serait ici le même, chaque mois Nintendo enverrait une boite contenant des babioles aléatoires liés à l’univers de Nintendo, et vu le succès des amiibos, il y a moyen que le système rencontre un franc succès. Cela déstabiliserait de plus les sociétés qui officient actuellement, puisque ces dernières capitalisent justement sur l’engouement que portent les « geeks » à Nintendo.
Grâce aux amiibos, on a pu voir à quel point Nintendo possède aujourd’hui une collection de licences phares affolante et inégalable par ses concurrents (on a bien vu Sony s’y casser les dents avec Playstation All Stars Battle). On peut complètement parler de CULTURE NINTENDO, capable de faire autant de bruit qu’un mastodonte comme Disney qui a pourtant écoulé des palettes de figurines Disney Infinity, les deux ont de plus une cible commune: tous les âges. Elles savent capitaliser sur cette synergie inter-générationnelle en jouant tantôt sur la carte cartoonesque tantôt sur la fibre nostalgique. Vous avez sûrement déjà été ou êtes de ces gens qui à la première note de « Hakuna Matata » ou de « Ce rêve bleu » se mettent à chanter voir à reproduire les chorégraphies, de même la mélodie du premier niveau de Super Mario Bros. vous rappelle vos premières expériences de joueur et vous donnent envie de rebrancher une NES. Au-delà de cette nostalgie il y a une véritable idée de transmission entre les générations, les gamins d’aujourd’hui ont aussi joué à des Mario 2D, ces mêmes gamins ont vu des films Disney qui ont pourtant 50 ans. Adultes et enfants partagent ces univers et il n’y a pas meilleure façon de réunir tout ce monde que dans… un parc d’attractions blindée de produits dérivés.
On l’a vu il y a une dizaine d’années de celà, Nintendo avait l’époque lancé deux parcs d’attraction à Kyoto et Taiwan avec pour thème son mastodonte Pokémon, nombreux sont les gosses qui ont eu des étoiles dans les yeux en voyant les images de ces deux paradis du consumérisme. Plus récemment, Nintendo a évoqué puis a confirmé un partenariat avec Universal, LE rival de Disney en matière de parcs d’attraction. Imaginez plutôt, une reconstruction grandeur nature du chateau de Peach ou une attraction avec des tonneaux Donkey Kong sur fond de DK Rap ? Ou même un manoir hanté façon Luigi’s Mansion ? Les possibilités sont infinies et auraient un effet vertueux sur les ventes « annexes », et par « annexes » j’entends aussi les consoles et les jeux. Pour l’heure, Nintendo entreprend de n’avoir que des attractions au sein des parcs Universal pour des raisons je pense de budget, mais un nouveau coup d’éclat financier permettrait peut-être de voir ce rêve se réaliser. La route pour arriver ne serait-ce qu’à la cheville du géant DisneyLand mettrait des dizaines d’années, mais nul ne sait de quoi l’avenir est fait. En attendant d’arriver à un si gros projet, il existe un moyen beaucoup plus accessible bien que controversé pour continuer à grapiller de la notoriété…
Le cinéma ! Il va en effet bien falloir un jour passer au-delà de cette daube des années 90 qu’est le live-action de Super Mario Bros. Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que le jeu vidéo et le cinéma ne sont pas copains quand il s’agit d’adaptation; de Resident Evil au tout récent Hitman en passant par Need For Speed ou encore Dead Or Alive, AUCUN jeu vidéo n’a réussi le passage vers le grand écran, si ce n’est le Silent Hill de 2006 qui loin d’être aussi mythique que le jeu, a réussi à retranscrire son ambiance si particulière. Récemment, Miyamoto, directeur par intérim de Nintendo, a décrit cette dernière comme une « entreprise de divertissement » (terme tout sauf anodin) devant se tourner le cinéma, invoquant la similarité des deux supports. Il est vrai qu’au fur et à mesure du temps, les mondes du jeu vidéo et du cinéma s’entremêlent: En plus de jeux grand public aux allures hollywoodiennes, de nombreux acteurs rejoignent le casting de jeux à gros budget, comme Kiefer Sutherland voix de Big Boss, Kevin Spacey dans Call Of Duty, Hayden Panettiere dans Until Dawn ou encore Shawn Ashmore dans le futur Quantum Break. Néanmoins, le live-action est-il la solution ? Nintendo ne devrait-il pas se tourner plutôt vers l’animation ? Le cerveau (autrefois) fertile de Shigeru Miyamoto ne pourrait-il pas donner naissance à de grandes épopées dignes de productions Ghibli ?

En 2006, un film Animal Crossing était sorti au Japon et bien qu’un poil trop juvénile et chiant dans son déroulement, le film était plaisant et on ne cessait de sourire face aux clins d’oeil repris directement du jeu. Alors oui, faire un film dans l’univers de Mario alors que la série n’a jamais brillé par son scénario parait compliqué, d’autant que le plombier, comme bon nombre de protagonistes du monde Nintendo, brille par son mutisme; Link et Donkey Kong pour ne citer qu’eux, ont le même problème. Ca ne les a pas empêchés de trouver des voix plus ou MOINS réussies dans des adaptations animées pour le petit écran. Qui plus est la plupart des licences de Big N ne possèdent pas un background très étoffé, on pourrait penser que c’est un moins mais c’est au contraire un point fort puisque ce « vide » permettrait une interprétation libre de l’univers pour forger une histoire suffisamment trépidante sans pour autant bafouer et provoquer la grogne des fanboys en sueur. Par exemple, Star Fox possède une grosse partie floue dans son histoire avec l’arc James McCloud, le père de Fox; le format space-opera s’adapte de plus très bien au cinéma, imaginez plutôt un film Star Fox en image de synthèse avec des combats spatiaux blindés de lasers ! Personnellement je signe, reste à voir si le grand public apprécierait de voir un renard estropié se battre dans un vaisseau spatial contre un loup et une tête de singe géant. Tendax. Là encore, la création de nouvelles licences n’est du coup pas proscrite, bien au contraire, des licences fraîches conçues pour le cinéma n’auraient du coup pas ces codes venant du jeu vidéo très classique de Nintendo et pouvant créer des entraves à une narration plus contemplative.
Pour conclure, le vent changeant de chez Nintendo ne peut-être que bénéfique pour la boîte qui ne peut que s’assurer des revenus plus variés en explorant d’autres horizons. Continuer de surfer sur l’énergie positive (et fructueuse) de la nostalgie par le biais de ces nombreux supports que nous venons d’évoquer est une solution viable qui a déjà porté ses fruits pour la compagnie du grand Walt. Néanmoins Nintendo ne doit pas tomber dans la facilité en proposant d’énièmes expériences pré-mâchées, l’heure est à la création, et on espère que la NX saura être le vecteur d’un nouveau Nintendo, sachant à nouveau regarder vers l’avenir comme durant sa grande époque. Il est évident que les deux firmes n’ont à l’heure actuelle pas le même poids financier et je doute même que Nintendo puisse un jour rivaliser sérieusement avec l’entreprise américaine, mais cette reconversion permettrait d’éviter de tomber définitivement dans l’oubli, à l’instar de tous ces éditeurs japonais qui n’avaient pas autant de cartes en mains.
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Un article plus que complet. Je suis d’accord sur le fait que Nintendo tourne un peu en rond et c’est d’ailleurs à cause de cela que je possède aucune de leur machine. J’espère qu’ils pourront créer de nouvelles choses
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