Les classiques du RPG, à leurs époque figures d’un nouvel « art vidéoludique », en 2017 des nomenclatures du bon goût, litanies d’une culture élitiste, sont-elles des œuvres destinées à disparaître telle une crête d’écume dans le sillage des nouveaux RPG indé à la mode ?

A la lumière de ce questionnement, votre serviteur a décidé de revenir sur les moutures qui ont participé à sa sensibilité et façonné son idée de chef d’oeuvre. Merugezu présente… Valkyrie Profile !

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    Si Final Fantasy VII était une bavette au Fouquet’s, Valkyrie Profile serait un bœuf de Kobé au Signature de Tokyo, légitimité de ce raffinement : son origine nippone. Derrière cette cuisine on a le studio Tri-Ace, qui à l’époque de la sortie du jeu avait déjà débuté sa saga Star Ocean, qui fera sans doute l’objet d’un article aussi ampoulé que celui-ci.

    Valkyrie Profile est un donjon-RPG presque millénial sorti sur Playstation, catégorisé par l’auteur de ces lignes comme « ceux qui ont eu l’intelligence de rester en 2D » , idée qui peut paraître malhonnête mais qui prend tout son sens quand il s’agit de relancer le jeu quasiment 20 ans plus tard. Le jeu est beau, magnifique même, et plus on y joue plus il nous enivre, plus on le pratique plus il nous conquit. Le système de combat de Valkyrie Profile constitue l’un des deux grands atouts du jeu, mais on ne reviendra pas sur celui-ci par souci d’économie de temps et de volonté.

La comédie corrige les manières, et le théâtre corrompt les mœurs…

    On préférera s’attarder sur le deuxième point pilier du jeu, le scénario, enfin les scenarii (3 mois dans le Mezzogiorno sorry…). En effet, la pluralité des intrigues sert une variété des ambiances et des personnages avant tout, mais ce choix des développeurs exhale sa perfection au moment où le joueur comprend qu’il faudra sacrifier ses personnages à Odin afin de constituer une armée pour le Ragnarok, le crépuscule des dieux. Les idées du sacrifice, du courage, de la vengeance, et de la fatalité, seront autant de considérations qui teinteront constamment la narration du jeu, rendant celle-ci tantôt touchante, tantôt insupportable, mais certainement intelligente. Outre cette variété de situations dessinant la théâtralité du jeu, la succession des intrigues se déroule dans un temps limité,  dans lequel Lenneth, l’héroïne, se pressera de recruter et coacher un maximum de guerriers susceptibles d’empêcher la fin d’Asgard. Cet enrobage, que l’on peut trouver oppressant de prime abord, s’avère être source de plaisir intense tant le jeu peut se montrer cruel envers ses protagonistes et envers le joueur lui-même.

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    Valkyrie Profile est un jeu très pictural, sans cesse marquant le joueur, figeant le tragique entre de sublimes artworks et d’épiques batailles. Une fois fini, on a la sensation d’abandonner un siège chaud de l’opéra Garnier, on se murmure encore longtemps à l’esprit l’inexorabilité des aventures vécues, la tristesse des destinées des personnages. Motoi Sakuraba signe sans doute aussi sa meilleure bande-son, avec des morceaux correspondant parfaitement aux enjeux scénaristiques, et servant avec brio l’action haletante des combats, la piste « The Unfinished Battle with God Syndrome » est d’ailleurs figure de proue de la saga dans ce domaine, revenant régulièrement en guest-sound dans les autres jeux Tri-Ace.

(Note de Pazou : Bien que ce morceau donne des frissons et remémore des souvenirs aussi agréables qu’amers, la meilleure bande-son de Sakuraba est à mes yeux celle-ci, évidemment !)

    L’aspect dramaturgique du jeu est appuyé par le cadre choisi, le folklore nordique, et le niveau de langue imposé, anglais shakespearien, à base de thy et de thou. Hamlet avec des super attaques et des épées de six tonnes, on en demandait pas autant. Il est enfin important de noter que Valkyrie Profile possède des phases de plate-formes complètement dispensables mais qui apportent le brin de D-RPG qu’il ne fallait peut-être pas.

 

Concrètement, dans une thèse traitant du RPG il serait inévitable de parler, longuement, de Valkyrie Profile, un joyau serti pour l’éternité dans les influences des rôlistes mais également des développeurs, preuve en est que malgré sa rareté dans le paysage, trois épisodes en 20 ans dont un tactical sur Nintendo DS (banlieue sale), bon nombre de jeux « grossoient » ses idées brillantes.

    Le devoir des pères est de transmettre et c’est un credo chez Merugezu d’assembler les dissemblables. Tandis que la zizanie est cultivée dans les genres de RPG, un retour aux onsen de l’élégance et de l’attrait s’est imposé, quoi de mieux qu’un jeu légendaire comme Valkyrie Profile pour soutenir l’entreprise ?

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    Pourrait-on espérer un retour de la saga un jour ? Merugezu l’espère, mais pas trop, connaissant les attentes des joueurs en 2017, il est peu probable que le dragon du RPG se réveille, mais qui sait, mieux vaut se méfier de Loki dort…

Cet article à valeur cléricale vous a été proposé par Gilgamesh.

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2 commentaires sur « VALKYRIE PROFILE | VÖLUSPÁ VELOUTÉE ENVOÛTANTE »

  1. Valkyrie Profile reste encore mon JRPG favori à ce jour. Même copié et recopié (surtout dans les jeux mobiles), il a un gameplay qui est juste inégalé et qui le rend aussi complexe qu’on veuille bien le vouloir.

    Quel jeu arrive à faire pleurer avant même d’appuyer sur nouvelle partie ? La meilleure production de Motoi Sakuraba couplé avec une mise en scène d’exception fait fondre n’importe quel coeur de pierre. Je défendrais ce jeu jusqu’à mon dernier souffle

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